Partage 117: Des commencements bien à l’abri

« Dès qu’Elisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit dans son ventre. Elisabeth fut remplie d’Esprit Saint et cria : Bénie sois-tu entre les femmes, et béni soit le fruit de ton ventre… dès que ta salutation a retenti à mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse dans mon ventre… » Luc 1-41 à 44.

« C’est toi qui a produit les profondeurs de mon être (c’est toi qui m’a pétris… Rabbinat français)… Quand je n’étais qu’une masse informe, tes yeux me voyaient. »

Paroles de David (Psaumes 139-13 et 16).

A quelques semaines de la célébration de la naissance de Jésus, nous pouvons être conduits à considérer que la vie a des commencements qui dépassent ce que la science pourrait expliquer.

Un chef d’orchestre dans l’état d’Ontario aux USA disait que la musique faisait partie de lui avant sa naissance. Il raconte qu’étant jeune, il pouvait parfois se passer de partition pour certaines œuvres  qu’il n’avait jamais apprises : la partie violoncelle lui venait en tête avant qu’il ait tourné la page ! Sa mère donna un éclairage sur ce « mystère » : il s’agissait d’œuvres qu’elle avait interprétées pendant sa grossesse !

Le lien de cause à effet peut nous sembler pour le moins étrange, mais le fait que la vie intra utérine puisse réagir à certaines stimulations ne cessera de nous étonner.

Carl G. Jung, un des pères de la psychanalyse disait que les parents étaient pour leur enfant à naître, source d’influences. Il allait jusqu’à parler de « contamination psychique » ou « d’influences réciproques, d’inconscient à inconscient ». L’enfant à naître va baigner dans cet ensemble d’impressions, d’émotions, qui vont le construire sans qu’il puisse le savoir. En effet, l’enfant est déjà, bien avant sa naissance, particulièrement sensible aux interactions, aux états d’âmes qui l’entourent au cours de son développement fœtal, et il va subir ces influences tout au long de son évolution.

A l’approche de Noël, nous rappelons ces moments inoubliables de la rencontre entre Marie, au tout début de sa grossesse et sa parente Elisabeth enceinte de 6 mois. Quelque chose d’étonnant se passa lors de cette rencontre. L’enfant que portait Elisabeth tressaillit dans son ventre lors de la salutation de Marie… Manifestation normale de la vie d’un enfant à 3 mois de sa naissance… concours de circonstance, ou bien réellement manifestation exceptionnelle liée à la salutation de Marie, comme il est écrit dans l’évangile ? Marie répondit aux paroles d’Elisabeth par un hymne à la gloire de Dieu, appelé aussi : Magnificat.

« Je magnifie le Seigneur, je suis transportée d’allégresse en Dieu mon Sauveur, parce qu’il a porté les regards sur l’abaissement de sa servanteLuc 1-46 à 48.

Sommes-nous libres de penser que ces moments eurent aussi leur part d’influence, dans le ventre de Marie, sur le petit être encore en formation dans l’attente de sa naissance ?

Je crois que la foi en Dieu va jusqu’à croire que l’extrêmement petit, l’indécelable, le difficilement discernable compte déjà, et que Dieu bénit ce qui ne parait pas encore.

Dire Noël, c’est aussi dire cela. C’est dire l’importance de l’accueil fait à ce qui peut nous paraître si petit, si passif, si impuissant… Le roi David, osa l’écrire :

« C’est toi qui m’a pétris… quand je n’étais qu’une masse informe, tes yeux me voyaient… ».

Jésus encore caché, abrité, reposant dans le ventre de sa mère, vibra sans doute aux nobles accents de la louange de sa mère. Tout l’être de Marie fut transporté d’allégresse, et le futur enfant encore à ses premières heures, fut lui aussi entraîné, in utéro, dans l’expression de cet hymne qui ne fut pas sans impression pour le futur de celui que l’on allait appeler « le Christ ».

Marie exprima un hymne assurément inspiré par l’Esprit de Dieu, et cela retentit dans tout son être.

Noël, ce sont aussi ces discrets commencements, parfois indécelables, d’une vie réceptive aux bienfaits de la bénédiction de Dieu, mais aussi de la joie, de la reconnaissance, de l’adoration.Que pouvait bien entendre Jacob lorsqu’il bénit son fils Joseph avec ces paroles :

« …le Dieu de ton père… te bénira des bénédictions… du ventre maternel… » Genèse 49-25.

« O profondeur de la richesse, de la sagesse et de la connaissance de Dieu »   écrivit l’apôtre Paul dans sa lettre aux Romains chapitre 11 et verset 33.

François Quoniam 

Pasteur de l’EEL