Témoignage de Nathania Boschung

Nathania Boschung à l’interview

Invitée à « 61 minutes du 4 octobre 2011 » Nathania Boschung a répondu aux questions de Charles-André Geiser. Extraits:

– Pourquoi avoir choisi le genre roman pour décrire des étapes de l’histoire de notre pays ?

– En premier lieu, je ne suis ni historienne, ni théologienne. Une approche théorique ou scientifique ne m’aurait pas convenu. Mais surtout, comme la plupart des gens, j’aime les histoires et je trouve qu’elles sont un merveilleux vecteur. Un roman vous permet de vibrer avec des personnages, de vous identifier à eux, de plonger dans un univers, une époque, un lieu, plus intensément que par une narration historique sans doute un peu sèche. Ce n’est pas par hasard, d’ailleurs, que Jésus parlait beaucoup par paraboles. Celles-ci sont de petites histoires qui nous mettent en situation.

– Quand trouvez-vous le temps d’écrire et de faire des recherches ?

– Lors de moments libres, une fois mon travail terminé, et principalement le soir. Je travaille plutôt pendant la saison froide, car mon jardin me laisse du répit. Et je range « ma plume » (ou plutôt mon ordinateur) pendant les vacances scolaires, afin d’être vraiment disponible pour ma famille.

– Qu’espérez-vous des lecteurs de vos livres (en particulier des 2 qui abordent l’histoire en Suisse romande) ?

– Dans tous mes romans, je décris un cheminement spirituel vu sous un angle chaque fois différent. J’espère rejoindre le lecteur sur son propre chemin et l’amener à se poser des questions sur sa vie. « Le Royaume au-delà des Montagnes » est une allégorie, une parabole. J’ai reçu de nombreux échos de personnes qui m’ont dit combien elles avaient été encouragées dans leur vie de foi par ce livre. Les romans sur les Amérindiens sont écrits principalement pour des gens en recherche spirituelle, ouverts à toutes sortes de courants, pourvu que ce ne soit pas chrétien. Ces deux livres permettent de découvrir Jésus d’une manière inattendue et progressive.

En écrivant Eponina, j’avais envie de rendre hommage aux premiers chrétiens, qui en Suisse, ont osé rompre avec une religion traditionnelle pour embrasser un message tellement révolutionnaire.

J’espère que les lecteurs découvriront, ou redécouvriront, la beauté de l’espérance chrétienne, et qu’ils seront amenés à se voir comme un maillon d’une chaîne humaine de disciples, ceci jusqu’au retour de Christ. Il y a tellement d’importance dans la transmission de la foi. Si Eponina est une femme, ce n’est pas un hasard. Je voulais honorer les femmes anonymes qui, de tous temps, ont su transmettre leur espérance à leurs enfants.

– Votre 5e livre sera diffusé prochainement. Avez-vous déjà votre attention fixée sur le 6e ?

Pour l’instant, je me réjouis de collaborer à l’édition du prochain livre. J’ai bien un projet en tête, qui serait une sorte de suite à ces livres historiques, et dont l’intrigue se situe à la période où les moines irlandais comme Colomban, Gall et d’autres ont apporté un souffle nouveau au nord de la Suisse. Mais c’est assez complexe. Le sujet m’intéresse beaucoup, parce qu’il montre la détermination d’hommes courageux et consacrés, en même temps qu’un légalisme assez terrible par moment. J’avance avec prudence, et on verra ce que j’en ferai ensuite.

– Vous écrivez pour vous occuper utilement ou pour faire passer un message ?

– Tout ce qui pousse à écrire résulte d’une curieuse alchimie: une envie de créer, l’amour de la langue, le désir de communiquer un message, et ceci occupe en effet mon temps d’une manière agréable mais exigeante.

C’est un bon équilibre avec les tâches habituelles d’une maman de trois ados! Même discret par moment, Dieu apparaît en filigrane dans mes livres et imbibe le roman par sa présence. Pourquoi? Parce qu’il fait partie de ma vie et qu’il m’est impossible de l’exclure d’une histoire sous peine de la priver de lumière.

– Quel message désirez-vous faire passer ?

– Le message central est le suivant: Quelles que soient nos parcours de vies, nous avons le choix de vivre selon nos propres désirs, de subir notre existence, ou de nous ouvrir à un Dieu Père et Créateur qui nous a rejoints en envoyant Jésus, Fils de Dieu et Fils de l’Homme. A partir du moment où l’on se laisse interpeller, la vie de Dieu trouve en nous un chemin qui va modifier nos relations avec les autres et notre vision du monde. Il y a une approche existentialiste chrétienne dans mes romans. Jésus a toujours mis les gens devant leur propre choix.

– Quels conseils donnez-vous aux jeunes qui désirent se lancer dans la rédaction d’un livre ?

– D’abord, demandez-vous ce qui vous pousse à écrire. Où allez-vous puiser votre motivation? On peut chercher à copier un genre, on peut puiser dans des puits troubles et obscurs, à l’image de bons nombres de romans pour jeunes aujourd’hui. Mais on peut puiser dans la vie, dans sa propre expérience, dans une imagination mise au service de la Lumière.

Si tel est votre cas, commencez à écrire sans vous mettre sous la pression d’un résultat. Je me suis laissée porter par un plaisir, un élan de vie assez fort pour rester motivée même quand je suais sur les relectures et les corrections.

Ensuite, demandez à quelqu’un qui a du temps et un œil « littéraire » de vous donner un avis. Choisissez quelqu’un qui pourra vous dire honnêtement ce qu’il pense, mais qui sache aussi encourager les autres.

Évitez les flatteurs autant que ceux qui cassent les petits commencements.

Prenez le temps de relire, de corriger, d’être ouverts à des propositions. J’ai beaucoup progressé en écoutant certaines critiques lors de relecture des manuscrits. De toute façon, avec le temps, on apprend son métier, comme dans n’importe quel autre domaine. Si un ouvrage vaut la peine d’être publié, le soutien d’une personne connue de l’éditeur peut aider. Pour mon premier livre, j’ai eu la chance d’avoir un avis positif de Nancy Decorvet. Cela m’a donné confiance et a peut-être contribué à trouver un éditeur. Et j’ai envie de finir en disant ceci: on ne peut jamais savoir, en écrivant, si on va être édité.

Mais le plaisir d’écrire vaut la peine de prendre ce risque. C’est aussi un travail qui nous permet de mettre de l’ordre dans nos idées et de nous faire avancer. Donc, n’hésitez pas à vous lancer!

– Merci Nathania. Et nous nous réjouissons de lire bientôt votre prochain roman historique.