Quelques mots

‌Chers frères et sœurs, amis en Jésus-Christ,

Habituellement, à cette heure-là du dimanche matin, Mireille et moi nous préparons afin d’être prêts pour venir au culte.
C’est le 3ème dimanche que nous ne faisons plus ce déplacement dominical, que nous ne pouvons plus vous rencontrer et échanger ainsi quelques mots de salutations habituels : Comment allez-vous ? C’est un peu un rituel, au sens d’habitude préservé. La vie est faite de ces signes qui font une société civilisée. 

Les conditions qui nous sont imposées depuis peu nous éloignent, tout au moins pour un moment. Ce matin, je ne peux pas vous demander comment vous allez, même si cette question ouvre la voie à une réponse du genre : je vais bien (sans autre détail). Elle a néanmoins sa place dans nos relations.

J’espère que vous allez bien. Je sais que quelqu’un de plus grand que nous, prend soin de nous et si la communauté que nous formons est en ce moment comme dispersée, c’est-à-dire chacun chez soi, cette « dispersion » n’a pas cette dimension tragique comme cela peut l’être pour certaines familles désunies, divisées ou des peuples qui vivent une diaspora, ne pouvant dès lors vivre ensemble. L’apôtre Pierre, dans les premiers mots de sa première lettre écrit à ceux qui sont … dispersé (1 Pierre1-1). C’est en grec, le mot « diaspora ».

Des barrières géographiques, politiques, limitent parfois de peu, la circulation des personnes et renforcent un sentiment national. Nous étions habitués à nous retrouver une ou deux fois ou plus toutes les semaines. Une barrière vient de se dresser, celle imposée par un virus, minuscule, pratiquement invisible et qui pourtant nous affecte, dicte sa loi. Si nous sommes infectés nous pouvons infecter d’autres, en dépit de notre bonne volonté et de nos bons sentiments.  Nous voici donc, en attendant que s’éteigne le risque encouru de contamination, séparés, comme dispersés.

Je veux relever un des sens du verbe « disperser » : c’est le mot « semer ». Et si pendant que nous sommes tenus à distance, ces temps étaient ceux où nous semons ce que nous avons reçu ? C’est le geste du semeur qui répand la semence, c’est aussi parfois le vent qui emporte les graines… D’autres terres ont besoin d’être ensemencées de la bonne semence porteuse de la grâce de Dieu et de la richesse de tout ce que Dieu a donné. L’Evangile peut être semé à partir de chez nous, voire même chez nous…

Dispersés, même pour un temps, mais de toute façon pas oubliés parce que la foi que nous plaçons en Dieu et en Jésus-Christ fait de nous des enfants de Dieu.  C’est ce qui nous unit. Relisons ces mots de Pierre : « à ceux qui sont étrangers et dispersés dans le Pont, l’Asie et la Bithynie. A vous qui avez été choisis conformément à la prescience de Dieu… » 1 Pierre chapitre 1 et versets 1 et 2.  

La diaspora imposée par toutes sortes de raisons ou d’évènements, a ses limites ; celles du temps. L’Eternité s’ouvre et ouvre à ceux et celles qui ont été dispersés la joie du revoir. Et par la foi en ce Dieu magnifique qui a dit : « afin que là où je suis, vous y soyez aussi » (Jean 14-3), nous vivons dans cette espérance. Après avoir été pour un temps séparé, nous nous retrouverons dans une joie renouvelée et une espérance fortifiée. En effet, ces temps que nous vivons ne sont pas hors du champ de vision et d’action de Dieu. Ce n’est pas le virus, ni aucune autre barrière dressée même par des hommes qui triomphera de cette unité qui est en Jésus-Christ. Gloire, honneur et victoire lui appartiennent aux siècles des siècles, amen !

Mireille et moi vous souhaitons un beau dimanche, dans vos lieux de vie, mais unis profondément en celui qui nous a appelés à passer des ténèbres à son admirable lumière.  En attendant un prochain revoir, trouvez dans ces mots l’expression sincère de notre affection fraternelle.

François Quoniam
22.03.2020