Dimanche 17 mai

Chers frères et sœurs en Jésus-Christ, voici  mon petit mot en ce dimanche 17 mai 2020

Je n’ai pas oublié qu’aujourd’hui nous nous retrouvons d’une façon un peu différente, autour d’une Cène vécue autrement qu’à l’habitude. Je commence avec ce verset de l’évangile :

« Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés » Matthieu 5-6.

Le Seigneur nous invite à nous réjouir dans l’espérance d’un rassasiement promis.  Comme en écho à ces paroles de Jésus, l’apôtre Jacques écrivit : « Heureux l’homme qui supporte patiemment la tentation ; car, après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que le Seigneur a promise à ceux qui l’aiment » Jacques 1 : 12.

Jésus est vraiment cette nourriture et ce breuvage pour notre âme. Regardons à lui, en tout temps et attendons-nous à l’accomplissement de ses promesses. Jésus rappela un événement lointain, remontant à Moïse, soit environ 2000 années plus tôt, pour signifier sa mission. Il s’agit de l’histoire d’un serpent en airain vers lequel les regards des personnes mordues par les serpents pouvaient se tourner, et de ce fait être guéris, sauvés de la mort : « tout comme Moïse a élevé le serpent dans le désert (lire Nombres 21 : 4 à 9), il faut aussi que le Fils de l’homme soit élevé afin que quiconque croit en lui ne périsse pas mais qu’il ait la vie éternelle… Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui » Jean 3 : 14 à 17.

Quelqu’un disait que la dimension verticale nous est interdite. En effet, si nous essayons de nous élever dans les airs, nous retombons aussitôt, c’est une loi physique. Même pour fuir, cela nous est impossible. Nous ne pouvons pas faire un seul pas dans cette direction. Nous ne pouvons que regarder le ciel, d’un regard plein d’espérance et nous attendre au secours de Dieu. Simone Weill, dans un de ses livres (l’attente de Dieu), rappela un conte de Grimm qui illustrait d’une certaine façon cette réalité spirituelle : Un concours de force opposa un géant et un petit tailleur. Le géant lança une pierre si haut qu’elle mit très longtemps à retomber. Le petit tailleur, lui, lâcha un oiseau qui ne retomba pas. Ce qui n’a pas d’ailes finit toujours par retomber !

Seule la foi en Dieu nous permet d’espérer, d’une espérance patiente, persévérante, joyeuse, et de recevoir le secours d’En-Haut. C’est par la foi que nous sommes déjà assis dans les lieux célestes en Jésus-Christ. Le ciel n’est plus une distance à franchir, c’est un monde dans lequel nous sommes transportés, pour reprendre ces mots de l’épître aux Colossiens : « Le Père… nous a délivrés de la puissance des ténèbres, et nous a transportés dans le royaume de son Fils bien-aimé, en qui nous sommes rachetés, pardonnés de nos péchés » Colossiens 1 : 13 et 14.

Partageons donc,  en mémoire de Jésus, le souvenir de ce dernier repas entouré de ses disciples, avant son arrestation, sa condamnation et sa mort sur une croix. Avant d’être élevé sur cette croix, Jésus signifia lors de ce repas, qu’il donnait ainsi sa vie. Le pain rompu, la coupe de vin passant de l’un à l’autre, c’était son corps brisé, son sang versé. « Faites ceci en mémoire de moi » Luc 22 : 19. Paul reprit plus tard ces mots du Seigneur en écrivant : « Le Seigneur Jésus, la nuit où il a été arrêté, a pris du pain. Après avoir remercié Dieu, il l’a rompu et a dit : Prenez, mangez, ceci est mon corps qui est rompu pour vous. Faites ceci en mémoire de moi. De même, après le repas, il a pris la coupe et a dit : Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang. Faites ceci en mémoire de moi toutes les fois où vous en boirez. En effet, toutes les fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne » 1 Corinthiens 11 : 23 à 26.

Nous sommes poussés par les circonstances à changer certaines de nos habitudes. Prendre ainsi la Cène, chacun chez soi, n’est pas une pratique habituelle. De vivre ainsi cette commémoration, ce geste unifiant, montre que nous donnons plus d’importance au don que Jésus a fait de sa vie, plutôt qu’aux conditions extérieures d’un rassemblement visible. Nous sommes uns en lui. Nous regardons plus haut, nous regardons à lui qui a été élevé de la terre afin que nous regardions ensemble à lui de quelque endroit où nous nous trouvions. La distance qui nous sépare ne peut triompher de cette unité qui est réalisée en lui et que nous confessons.

C’est donc en communion avec nos frères et sœurs plus ou moins éloignés géographiquement que nous nous recueillons en ce dimanche matin et que nous prenons ces éléments de la cène tels qu’ils nous sont définis dans l’évangile : le pain rompu et la coupe. Nous sommes alors rassasiés dans l’attente d’un revoir pour mieux nous « re-trouver » après nous être un temps perdus… de vue seulement !

Dans ces temps où le fait de ne plus se voir pourrait affaiblir le sentiment d’appartenir à une communauté chrétienne, la réalité de notre communion s’en trouve au contraire, même éprouvée, renforcée ; tel l’amour qui, éprouvé, devient plus fortement enraciné. C’est là le mystère ou plutôt le miracle de la grâce de Dieu associée à celui de la foi. Simone Weill mentionnée plus haut, citait ces mots d’Eschyle (poète grec) : « Ce qui est divin est sans effort » (petite phrase à réfléchir pour bien la situer !).

Mes chers amis dans la foi, Mireille et moi voulons vous souhaiter une bonne journée, fortifiés dans votre foi et dans votre santé. Avec nos pensées fraternelles pour chacun et chacune et dans l’espérance qui est en Jésus-Christ.

François Quoniam, pasteur.