Chers frères et sœurs,
En ce dimanche 24 mai 2020, Mireille et moi vous adressons nos souhaits les meilleurs pour ce jour et le temps mis à part pour nous recueillir, prier, chanter les louanges de Dieu et de notre Seigneur Jésus-Christ. C’est avec ces mots tirés du livre de l’apocalypse que je commence ce partage du jour : « Je regardai de nouveau, et voici qu’il y avait un ciel nouveau et une nouvelle terre… » Apocalypse de Jean 21 : 1. Un regard porté à nouveau, et voilà qu’apparaît une nouvelle vision !
C’est aussi avec la pensée que les rassemblements dans les églises vont pouvoir reprendre bientôt, que j’écris ces lignes. Mon souhait, là aussi, c’est que le temps que nous venons de vivre, ces deux derniers mois, nous permettent de pousser la porte de notre chapelle avec ce qui a pu naître dans notre cœur au cours de ce temps passé, ou tout au moins que nous y venions avec humilité et reconnaissance. Regardons de nouveau, comme Jean autrefois.
Sans l’œuvre de Dieu, il n’y a rien de nouveau sous le soleil comme l’écrivit l’ecclésiaste : « ce qui a été, c’est ce qui sera, et ce qui s’est fait, c’est ce qui se fera, il n’y a rien de nouveau sous le soleil » Ecclésiaste 1 : 9. Cette lecture nous ramène à une espèce de fatalité, une inertie qui semble peser, nous empêcher de prendre de la hauteur. Elle peut nous dire qu’il n’y a rien à espérer de l’homme, elle porte une vision pessimiste sur les efforts humains à sortir des « éternelles » ornières où l’humanité s’embourbe.
Cependant, combien rêvent d’un monde nouveau… Et ce n’est pas nouveau ! De tout temps, les insupportables souffrances comme la perte d’un être aimé, et d’autres causes de souffrances, physiques et morales, souvent liées dans ce même mot de « souffrance », ont donné naissance à ce rêve. Rêve d’un monde où chacun trouve une place et peut regarder l’avenir sans avoir à se cacher, à fuir, à craindre, à redouter…
Dieu jette de l’huile sur le feu. En effet, la lecture de l’Evangile n’éteint pas ce profond désir, au contraire. Le nom même de nouveau testament ou de nouvelle alliance, enracine encore cette aspiration. De plus, ce que nous pouvons entendre des paroles de Jésus va orienter cette soif d’un monde nouveau, en proclamant la nouvelle de l’existence d’un royaume, un royaume autre, à la fois royaume des cieux et royaume de Dieu. Un royaume ouvert à ceux qui deviennent comme des enfants ou petits enfants, (souvenons-nous : Laissez les enfants venir à moi et ne les en empêchez pas, car le royaume des cieux appartient à ceux qui sont comme eux. Matthieu 19 : 13 à 15) symbolisant précisément ce qui est nouveau : l’enfant qui vient au monde découvre, faiblement pour commencer, un monde qui lui est nouveau. La petite enfance, les commencements de cette petite enfance, les premières heures et jours, sont le temps de l’éclosion des sens, les premiers balbutiements qui vont voir apparaître l’innocence, la confiance. Suivront aussi le temps des premières découvertes et de l’émerveillement, le temps des apprentissages nécessaires, des premières étapes formatrices de l’existence. Le petit enfant qui naît est nouveau, il apporte sa nouveauté au monde et c’est pour cela que Jésus annonce ce royaume de Dieu tel un royaume constitué de ce qui est nouveau. Le royaume de Dieu dans sa dimension présente, terrestre, apporte sa nouveauté, et constitue un témoignage de l’amour de Dieu.
Nicolas Hulot, ex-ministre et homme public bien connu a publié un manifeste intitulé : « 100 principes pour un monde nouveau ». Chacun de ces principes commence par ces mots aux accents prophétiques : « Le temps est venu… ». Ce désir d’un monde nouveau est, je le crois, enraciné dans le cœur humain depuis toujours et les difficultés rencontrées ne font que le renforcer. Nous pouvons ressentir ce besoin de réparer ce que nous avons détruit, de veiller à ce que la terre ne devienne pas une poubelle ou un désert de béton. Le cœur humain endurci par le sentiment d’impunité, et par une perception égoïste de la liberté, peut nous conduire à redouter l’avenir. Chaque principe énoncé dans le manifeste de Nicolas Hulot donne à réfléchir, je relève cependant le n° 96 : « Le temps est venu de croire qu’un autre monde est possible ». Une invitation à croire, mais à croire en qui ? D’une façon générale, qui peut dire ici-bas : « faites-moi confiance ! ». La confiance qui est sœur de la foi, est une richesse nécessaire à la vie, mais elle peut se briser si facilement. Le temps est venu de croire qu’un autre monde est possible… Personnellement, je crois qu’un autre monde est possible, et je crois que le temps est toujours là pour le croire, mais je crois aussi que le Christ est le seul à qui nous pouvons faire confiance, entièrement. « Heureux l’homme qui place en L’Eternel sa confiance » Psaumes 40-5.
Ce dernier jeudi (21 avril) apparaît sur le calendrier comme le jour de l’ascension de Jésus, dont nous découvrons l’événement dans le livre des actes des apôtres. Le texte biblique nous rapporte que les disciples de Jésus : « le virent subitement s’élever dans les airs. Bientôt un nuage l’enveloppa et le cacha à leurs yeux. Pendant qu’il s’éloignait d’eux, ils restaient là, les yeux rivés au ciel » Actes 1 : 9 et 10.
Il y a un monde qui nous apparaîtra nouveau un jour. Il n’est pas le résultat des efforts humains, souvent bien limités mais, comme cette terre le fut un jour, l’objet de l’œuvre créatrice de Dieu. Ce que nous appelons « maison de Dieu » : un environnement qui n’a pas été pollué, qui n’est pas le théâtre des folles ambitions, des conflits armés, des tyrannies et des actes de barbarie, de certaines idéologies meurtrières. La maison de Dieu, c’est là que Jésus après avoir été rejeté, crucifié, après avoir été déposé dans un tombeau et ressuscité d’entre les morts, est remonté. Il avait parlé de cette maison, c’est-à-dire de cet espace, de cet environnement en disant : « Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père ». Ce que Kuen transcrivit : « Dans la maison de mon Père il y a beaucoup de place ; si ce n’était pas vrai, est-ce que je vous aurais dit : je m’en vais pour vous y préparer une demeure ? Lorsque je vous aurai préparé cette demeure, je reviendrai et je vous prendrai avec moi, si bien que vous serez, vous aussi, là où je serai » Jean 14 : 2 et 3.
Un monde nouveau, ce n’est pas forcément ce qui n’existe pas encore, ce peut-être ce que nous n’avons pas encore connu !
Nous qui avons commencé le voyage avec cette glorieuse espérance d’un monde nouveau, ce que nous pouvons en partager donne-t-il envie à d’autres de le chercher ? Dans un livre intitulé : « Ce monde que Dieu nous confie » nous pouvons lire : « le premier voyage (de Christophe Colomb) fut immédiatement suivi d’autres, chacun faisant progresser la découverte de ce que l’on allait appeler le nouveau monde. Avant que ne meure Christophe Colomb, 14 ans après son premier voyage, deux cent navires avaient déjà fait la traversée. La voie d’aventure devenait un itinéraire communément emprunté ». Ce qui est nouveau attire l’attention. La vision du Christ ressuscité, disparaissant dans l’immensité des cieux, est une vision qui s’offre aussi à nous aujourd’hui, à notre foi. Et l’apparent vide des cieux n’est pour nous qu’apparent, hors de portée pour notre vision si limitée. Ce que nous croyons, c’est ce qu’ont dit les deux envoyés célestes : « Ce Jésus qui vous a été enlevé pour aller au ciel, reviendra de la même manière que vous l’avez vu y partir » Actes 1 : 11.
Je termine ce mot en vous adressant de nouveau mes pensées fraternelles en Jésus-Christ.
Votre frère en la foi et pasteur, François Quoniam