Dimanche 31 mai

Bonjour à chacun(e). Aujourd’hui 31 mai 2020, dimanche de Pentecôte. Voici quelques mots de cette fête appartenant à l’histoire biblique.
Fête antérieure à l’ère chrétienne, fête des Juifs qui donnait lieu à un pèlerinage à Jérusalem, cette fête avec laquelle s’ouvre le livre des actes des apôtres, va être marquée par un événement qui surgit du fond des siècles car annoncé depuis près de 9 siècles par le prophète Joël. Ce jour là, dans le sillage de la montée de Jésus aux cieux, l’Esprit de Dieu est répandu sur son peuple.

Lisons ce passage du nouveau testament : « Le jour de la Pentecôte, ils étaient tous ensemble dans le même lieu. Tout à coup, il vint du ciel un bruit comme celui d’un vent impétueux, et il remplit toute la maison où ils étaient assis. Des langues semblables à des langues de feu leur apparurent, séparées les unes des autres, et se posèrent sur chacun d’eux. Et ils furent tous remplis du Saint-Esprit, et se mirent à parler en d’autres langues, selon que l’Esprit leur donnait de s’exprimer. Or, il y avait en séjour à Jérusalem des Juifs, hommes pieux, de toutes les nations qui sont sous le ciel… Etonnement des passants… Ces gens qui parlent ne sont-ils pas tous galiléens ? Et comment les entendons-nous parler dans notre propre langue à chacun, … des merveilles de Dieu ? Ils étaient tous dans l’étonnement… Questionnement de la foule et explication donnée par l’apôtre Pierre : C’est ici ce qui a été dit par le prophète Joël : Dans les derniers jours, dit Dieu, je répandrai de mon Esprit sur toute chair… » Actes des Apôtres 2 : 1 à 21.

Je voudrais relever la ferveur autant que la richesse des paroles prononcées en diverses langues qui étonnèrent cette population en mouvement dans la ville de Jérusalem. L’étonnement clairement exprimé concerne en effet tant la forme que le fond de ce qu’ils entendirent. Ils entendirent parler des merveilles de Dieu ou selon la transcription de Kuen : « les choses merveilleuses que Dieu a accomplies ». Le mot grec traduit par « merveilles » est « megaleia », qui définit ce qui est magnifique, grand. Il faut que ce qui est grand, magnifique, saisisse aussi  tant celui qui parle que celui qui entend ce qui se dit. Et pour cela il faut plus que des mots.

La foule en chemin est interpellée par une espèce de cacophonie. En effet n’oublions pas que dans cette foule la langue des uns n’était pas la langue des autres, tous ne comprenaient pas tout ce qui était dit dans à peu près une quinzaine de langues, peut-être plus… Imaginons-nous dans cette foule. Nous passons en cortège près d’une maison de laquelle jaillit avec force des paroles prononcées en diverses langues. Dans ce que j’entends, j’entends l’une de ces voix parler dans la langue du pays d’où je viens, mais les autres langues sont pour moi un mystère…  Toutes ces personnes ont néanmoins en commun une même langue qui est celle, historique, du peuple descendant d’Abraham, une langue sémitique, l’hébreu, la langue des Ecritures, cette langue qui les rassemble au-delà de la diaspora. Et pourtant, comme pour attirer l’attention de tout ce peuple en mouvement, c’est par d’autres langues que l’Esprit de Dieu interpelle son peuple. C’est pour le moins étonnant, étonnant à tel point que certains dans la foule disent que ces personnes sont sous l’effet de l’alcool qui les conduit à tenir de façon exagérée des propos qui cependant ne manquent pas d’intérêt. Mais la forme est choquante. Toutefois, à l’écoute des paroles entendues, tous dans un premier temps sont confondus, mot très fort qui indique que tout d’un coup les repères sont perdus, tout est brouillé. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la venue du Saint-Esprit ne passe pas inaperçu et ne se fait pas de manière indolore.

L’auteur d’une étude de ce livre des actes des apôtres (Témoins de la Parole de la Grâce – Institut d’Etudes théologiques Bruxelles – p. 143) écrivit que la description que Luc fait de l’événement de la Pentecôte renvoie aux représentations et au vocabulaire du récit de l’Exode (chapitre 19) : la théophanie du Sinaï.
Les Actes parlent de bruit, de souffle violent, de langues de feu, de voix (Actes 2 : 2 à 4).
En Exode (19 : 16 à 18), c’étaient coups de tonnerre, éclairs, son de trompe, tremblement, fumée, feu, voix…La provenance du message est identique : Il vient du ciel, là où Jésus était monté (Actes 1 : 11), comme la voix à son baptême (Luc 3 : 22) en conformité avec Deutéronome (chapitre 4 : 36) : « Du ciel il t’a fait entendre sa voix pour t’instruire et sur la terre il t’a fait voir son grand feu, et du milieu du feu tu as entendu ses paroles ».

 Je veux aussi considérer ce qu’ont dû vivre ces « messagers » ou ces « prédicateurs » bien inattendus. Ils n’avaient certainement pas prévus que cette journée se passerait de cette façon. Ils étaient, c’est certain, dans l’attente de ce que Jésus leur avait promis ; ils étaient rassemblés dans le même lieu se demandant ce que serait l’avenir après le départ de Jésus dans les cieux. Mais, à quoi devaient-ils s’attendre ? Que signifiaient ces paroles de Jésus leur recommandant de : « ne pas s’éloigner de Jérusalem et d’attendre ce que le Père avait promis, ce que je vous ai annoncé, leur dit-il ; car Jean a baptisé d’eau, mais vous, dans peu de jours, vous serez baptisés du Saint-Esprit » Actes 1 : 4 et 5.

Je trouve dans un psaume comme un éclairage sur l’état du cœur de ces disciples de Jésus lorsqu’ils reçurent le Saint-Esprit. Lisons : « Des paroles pleines de charme bouillonnent dans mon cœur. Je dis : mon œuvre est pour le roi ! Que ma langue soit comme la plume d’un habile écrivain » Psaume 45 : 2. J’aime aussi la traduction que nous trouvons dans la version en français courant : « Je me sens bouillonnant d’inspiration pour le beau discours que j’ai à faire : je vais réciter mon poème pour le roi. Je voudrais le dire avec autant d’art que le graveur quand il trace ses lettres ». Ou encore cette traduction du Rabbinat français : « Mon cœur agite un beau dessein ; je veux consacrer mon poème au roi ! Ma langue est le burin d’un scribe expert ».

Sans le Saint-Esprit, nous sommes comme des orphelins privés de père et de mère, mais avec lui nous sommes accueillis, hébergés, nous entrons dans la maison de Dieu, nous commençons notre formation, nous pouvons tendre à devenir des artistes pour reprendre ce que nous inspire ce Psaume 45, nous voulons ce qui est le plus beau pour celui qui règne, qui est assis à la droite de Dieu.

Nous pouvons avec plus de force attester de notre confession de foi : Je crois en Dieu le Père, en Jésus-Christ son Fils notre Seigneur et je crois au Saint-Esprit.

Je termine avec ce texte lu dans un ouvrage intitulé « Psalmodies » de Charles Singer, et en vous adressant avec Mireille l’expression de nos sentiments fraternels que je voudrais remplis des sentiments qui sont en Jésus-Christ.
Voici ce texte ayant pour titre : « Esprit de Dieu » :

« Il y a l’esprit de violence, il y a l’esprit de colère, il y a l’esprit de possession, il y a l’esprit de ricanement, il y a l’esprit de… Seigneur où est-il l’Esprit de ton Evangile ? Pardon Seigneur pour tous les mauvais esprits que nous laissons souffler sur notre vie ! Nous voici devant toi les mains ouvertes, comme une maison ouverte au vent nouveau. Vienne en nous ton Esprit souffler sur notre argile et l’animer afin qu’en surgissent les promesses qui y sont enfouies. Le vase est déjà dans l’argile, en germe. De même qu’avec ton Esprit soufflant sur nous, nous réalisions la merveille qui repose, déjà, en nous ! ».

François Quoniam, pasteur.