Les filles de Tselophcha

(extraits d’une prédication donnée à l’Eglise libre de La Chaux-de-Fonds)

C’est un texte de l’Ancien Testament que nous allons examiner. Il est regrettable qu’il ne soit pas plus souvent commenté. Il est pourtant riche de leçons qui n’ont rien perdu de leur actualité.

Nombres 27, v 1 à 11 : 

Les filles de Tselophchad, fils de Hépher, fils de Galaad, fils de Makir, fils de Manassé, des familles de Manassé, fils de Joseph, et dont les noms étaient Machla, Noa, Hogla, Milca et Thirtsa, s’approchèrent et se présentèrent devant Moïse, devant le sacrificateur Eléazar, et devant les princes et toute l’assemblée, à l’entrée de la tente d’assignation. Elles dirent : Notre père est mort dans le désert; il n’était pas au milieu de l’assemblée de ceux qui se révoltèrent contre l’Eternel, de l’assemblée de Koré, mais il est mort pour son péché, et il n’avait point de fils.

Pourquoi le nom de notre père serait-il retranché du milieu de sa famille, parce qu’il n’avait point eu de fils ? Donne-nous une possession parmi les frères de notre père. Moïse porta la cause devant l’Eternel.

Et l’Eternel dit à Moïse : Les filles de Tselophchad ont raison. Tu leur donneras en héritage une possession parmi les frères de leur père, et c’est à elles que tu feras passer l’héritage de leur père.

Tu parleras aux enfants d’Israël, et tu diras : Lorsqu’un homme mourra sans laisser de fils, vous ferez passer son héritage à sa fille. S’il n’a point de fille, vous donnerez son héritage à ses frères.

S’il n’a point de frères, vous donnerez son héritage aux frères de son père. S’il n’y a point de frères de son père, vous donnerez son héritage au plus proche parent dans sa famille, et c’est lui qui le possédera. Ce sera pour les enfants d’Israël une loi et un droit, comme l’Eternel l’a ordonné à Moïse.

Replaçons ce texte dans son contexte historique.

C’est le temps de la distribution des terres pour Israël. Nous lisons le dénombrement des tribus dans le chapitre précédent.

Et voilà que des filles, quelle audace, viennent réclamer leur part du gâteau.

Parlons un peu de ces filles. Leurs prénoms ont de quoi nous faire réfléchir.

Machla : Tendre affection

Noa: Calme

Hogla: Perdrix

Milca: Reine

Thirtsa: Grâce, charme

Et pour leur père Tselophchad : Premier né.

A cette époque, c’était une catastrophe pour un couple de ne pas donner naissance à un garçon. Cela entraînait la disparition de cette famille et de son nom.

Et là, dans ce récit qui nous intrigue, nous découvrons que des filles ont le courage de s’approcher des dirigeants du peuple pour rappeler que leur père était un honnête homme et qu’il serait totalement injuste que son nom et l’héritage disparaissent simplement en raison de l’absence d’un garçon dans sa famille.

La revendication est précédée d’une solide argumentation et on sent la fermeté de ce groupe féminin. Quand les filles s’organisent, il faut s’attendre à de grandes surprises!

Cette demande inhabituelle place les dirigeants devant un problème auquel ils n’étaient pas préparés. La loi dictée par Dieu à Moïse semblait très complète, et son application permettait de résoudre pratiquement tous les problèmes qui se présentaient jour après jour. Rappelons qu’elle s’appliquait à plus de 500’000 personnes.

Que va faire Moïse?

Il est permis d’imaginer qu’il vécu là un temps de tourments dramatiques. Au chapitre 25e, nous lisons que des femmes Moabites séduisirent des hommes d’Israël et les entraîna dans la débauche. Dieu frappa le peuple et une plaie provoqua le décès de 25’000 personnes.

Moïse va-t-il céder face à ces cinq femmes ? Ne risque-t-il pas de provoquer la colère de Dieu en transgressant la loi?

La Bible nous dit que dans cette nouvelle situation exceptionnelle : Moïse porta la cause devant l’Eternel. Bel exemple d’humilité d’un chef d’Etat qui reconnaît ses limites et qui se tourne vers Dieu pour lui demander conseil.

Et que fait Dieu ? Tenez-vous bien sur votre chaise ou face à votre écran d’ordinateur ! C’est Dieu qui cède ! Je répète: C’est Dieu qui cède et qui approuve la revendication de ce quintet féminin. Alléluia ! Dieu ajoute un amendement aux lois qu’il avait fixées. C’est à peine croyable. Et pourtant, à partir de là les femmes auront également des droits lors du partage d’un héritage.

Soulignons aussi, pour être fidèles au texte biblique, que ces cinq filles avaient avant tout le désir de perpétuer le nom de leur papa. Leur demande n’est pas égoïste. Bravo les filles!

Mesdames, n’êtes-vous pas chavirées devant ce récit ? Il vous apporte la preuve que vous pouvez vous approchez de Dieu en priant. Et Dieu est disposé à prendre au sérieux vos demandes. Dieu ne vous considère pas de la même manière que les hommes qui trop souvent vous ont abaissées (où vous abaissent dans une attitude de supériorité).

Et en vous délivrant ce message, je ne peux résister à l’envie de vous dire: Allez de l’avant, ne vous découragez pas, persévérez. N’hésitez pas à demander à Dieu de grandes choses. Dieu vous aime et vous respecte depuis toujours.

Que Dieu vous remplisse d’audace et de courage!

 

Patrick Coutaz, membre du conseil de l’Eglise Evangélique Libre

Prédication du 31.05.11