Billet 12.17 – Le chant de Noël

Il y a plus d’un chant célébrant la naissance de Jésus, et ces chants de la nativité ont chacun leur histoire. Le chant : « Douce Nuit, Sainte Nuit » (Silent Night) fut d’abord un poème écrit par Joseph Mohr, prêtre autrichien au début du 19ème siècle. Deux années après avoir écrit ce poème, son auteur en collaboration avec l’organiste de la paroisse (Franz Gruber), décida de le mettre en musique. Il restait deux jours avant la célébration de noël 1818. Après avoir travaillé toute la nuit, ils interprétèrent, dès le lendemain, ce cantique à l’église. Mais l’orgue étant hors service, c’est à la guitare que pour la première fois ce chant fut accompagné. Ce chant reste l’un des plus célèbres chants de noël.

Mais quel chant pourrait supporter la comparaison avec la louange d’une multitude d’êtres célestes accompagnant la proclamation de la naissance de Jésus par un ange ? : « Aujourd’hui, dans la ville de David, il vous est né un Sauveur, qui est le Christ, le Seigneur. » Une multitude d’êtres célestes louant Dieu se joignirent à cet ange disant :

« Gloire à Dieu dans les lieux très hauts, et, sur la terre, paix parmi les humains en qui il prend plaisir ! » Evangile selon Luc chapitre 2, versets 11 à 14.

Une louange à Dieu pour cette naissance. Nous pouvons nous demander quelle était cette  mélodie, comment elle résonnait aux oreilles des bergers, et quel souvenir musical ils en gardèrent ? Nous n’avons pas de réponse à ces questions, mais nous pouvons voir derrière ces mots qui nous sont parvenus, l’adoration profonde qui s’exprimait alors.

De tous les chants célébrant la naissance de Jésus, celui des anges fut certainement le plus extraordinaire qu’il fut donné d’entendre. A-t-on déjà entendu pareille chorale ? Et quel que soit le timbre des voix entendues, l’aspect mélodique, la musicalité des paroles était bien présente et offrit à ces hommes habitués au silence de la nuit, un spectacle grandiose et inoubliable.

D’une façon générale nous pouvons entrevoir le chant comme une expression de l’âme, d’abord inaudible. Fernando Pessoa, écrivain et poète portugais écrivit : « Mon âme est un orchestre caché…».

Le chant est plus qu’une modulation de la voix volontairement travaillée et lisant une partition musicale. Nous pourrions le comparer au chant de l’oiseau qui résonne dans la nature au lever du jour, par exemple. C’est ainsi que je me représente cette multitude d’êtres célestes louant Dieu et disant : « Gloire à Dieu dans les lieux très hauts, et, paix parmi les humains en qui il prend plaisir ».

Le chant, dans son essence, est une expression de joie, ou de tristesse, une expression d’âme, même si d’autres raisons peuvent l’expliquer ou lui donner du sens.

La naissance de Jésus, évènement qui fit se rejoindre le ciel et la terre, Dieu et l’homme, fait-elle chanter notre âme, de reconnaissance, de joie, d’espérance ? Depuis un peu plus de 2000 années, l’annonce de l’Evangile, de la Bonne Nouvelle de la venue de Jésus fait tressaillir d’espérance le cœur des hommes qui l’entendent. Ainsi l’historien Michelet écrivait au sujet du chant issu de la Réforme et de l’action du réformateur Luther au 16ème siècle : « Ce fut un chant vrai, libre, pur, un chant du fond du cœur, le chant de ceux qui pleurent et qui sont consolés, la joie divine parmi les larmes de la terre, un aperçu du ciel ».

Ce que les bergers entendirent cette nuit-là dans les champs, était un aperçu du ciel… De tout temps, les chants qui rappellent la valeur de l’Evangile, à commencer par la naissance de Jésus, ouvrent pour notre âme un aperçu du ciel.

Noël. Ce mot fait peut-être remonter en nous des souvenirs, ceux de notre enfance, un certain enchantement lié aux célébrations religieuses, aux fêtes de famille, les crèches préparées et disposées dans les maisons, dans les bâtiments religieux, les sapins enluminés et garnis d’étoiles, de boules étincelantes…

Peut-être cette fête n’est-elle plus qu’un lointain souvenir ?

Et si cette année, je reprenais le chemin de l’église à la faveur de cette commémoration ou  célébration ?

Si tout à nouveau, je me mettais à l’écoute de ces chants ?

Ces chants nous font connaître l’extraordinaire miracle de cette naissance du Fils de Dieu, qui s’est fait homme et de qui plus tard, l’apôtre Paul dit : « la divinité, dans sa plénitude, est incarnée en lui » ou : « C’est en lui que Dieu donne une expression totale et complète de lui-même » (note de A. Kuen sur le verset 9 du chapitre 2 de l’épitre aux Colossiens).

Le chant proclamant la naissance de Jésus est un chant de paix, d’espérance, d’amour, nourrissant notre foi de ces valeurs divines bien nécessaires en ces temps agités par toutes sortes de tempêtes au sens propre comme au sens figuré, des tempêtes liées à des phénomènes climatiques détruisant des régions entières, ou celles qui se déchainent au cœur des vies humaines et qui font de la vie un parcours trop souvent difficile et douloureux.

Que Noël soit cette année la naissance d’une espérance nouvelle qui fasse chanter notre âme d’un chant nouveau, et que nous puissions comme les bergers d’autrefois nous mettre en route pour découvrir le don de Dieu pour notre vie.

François Quoniam

Pasteur de Église Évangélique Libre