Chers frères et sœurs dans le Seigneur

C’est avec ces mots tirés du Psaume 47 que Mireille et moi venons vous rejoindre ce matin :

«Vous tous les peuples ; applaudissez, faites à Dieu une ovation avec des cris de joie… Car le roi de toute la terre, c’est Dieu…» (versets 2 et 8).

Vous l’avez remarqué, le calendrier nous rappelle que c’est aujourd’hui, dimanche 5 avril 2020, la fête des Rameaux. Dimanche prochain, ce sera celle de Pâques. Des fêtes qui nous conduisent, évidemment pour les croyants, de façon moins évidente pour ceux qui ne le sont pas, à l’Evangile et à celui qui en est la source : Jésus, le Christ. Bien des gens regardant le calendrier, ne perçoivent pas derrière les mots écrits, tels « Rameaux » et « Pâques », un appel divin à se tourner vers Dieu, non pour le rejeter, le mépriser, mais pour participer à cette acclamation qui devrait remplir la terre en reconnaissance pour sa présence, pour son amour manifesté jusqu’à accepter de mourir crucifié pour nous. Souhaitons que ces mots ne disparaissent pas du calendrier qui est, outil involontaire, tel un Hérault de Dieu. Chaque année, nous pouvons ainsi dire et redire à ceux qui ne connaissent pas ou ne possèdent pas la bible : aujourd’hui, c’est le jour des Rameaux ou de Pâques, et l’expliquer. Même pour nous, chrétiens pour certains de longue date, il n’est pas superflu de nous rappeler ces moments.

Ce matin, une fois de plus, nous ne chanterons pas réunis dans un même lieu, nous ne dirons pas unis par un même cantique notre reconnaissance, notre respectueuse louange à Dieu, mais unis en esprit, unis par l’Esprit du Seigneur, par l’effet de sa Grâce agissante et puissante, nous dépasserons les portes fermées de nos maisons, nous franchirons la distance qui nous sépare et proclamerons par-dessus les obstacles qui nous tiennent éloignés, notre adoration. Laissons monter dans notre cœur, par l’Esprit du Seigneur, la joie de ces instants. Oublions ce confinement et les inquiétudes quotidiennes à l’écoute des informations, vivons ce moment dans la foi et la reconnaissance. Nous verrons alors l’église, unie par-delà la réalité physique et matérielle, unie aux anges et à tous les chrétiens de cette terre, perpétuer la gloire de ces moments.

Mes frères et sœurs, ne vous est-il pas venu à la pensée : Si je pouvais un instant être transporté d’un siècle à l’autre, d’un temps à un autre temps, d’une époque à celle de l’Evangile et me trouver avec cette foule entourant Jésus et proclamant à qui veut bien l’entendre : « Voici ton roi vient à toi, plein de douceur, et monté sur un âne, un ânon, le petit d’une ânesse » …Entendons-nous aujourd’hui ces mots ? Font-ils monter en moi aujourd’hui telle une vague puissante d’espérance, un bonheur incomparable ? Le Véritable Roi, celui devant lequel nous avons toutes les raisons de nous incliner avec joie et espérance, avec confiance : c’est lui, Jésus, celui qui a suscité ce mouvement longtemps attendu et pourtant inattendu pour beaucoup. S’il était possible que nous puissions échanger ne serait-ce qu’un instant, notre vie au 21ème siècle, pour revêtir les habits de ces personnes d’autrefois, nous mélanger à eux, nous joindre à ceux qui précédaient et à ceux qui suivaient Jésus arrivant à Jérusalem et criant : « Hosanna au Fils de David ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Hosanna dans les lieux très-hauts ». Pour un instant, oublions notre temps, relisons ce passage de l’évangile, fermons nos yeux, tournons-nous vers celui qui est au cœur de cette histoire et déposons à ses pieds, sur le chemin, nos manteaux et rameaux (Matthieu 21-4 à 10).

Il est venu, et il reviendra. Alors, en ce temps qui est encore à venir, mais que déjà dans la foi nous discernons, ou entrevoyons, Jésus viendra non plus pour être crucifié mais pour être enfin à nos yeux et à ceux de toute la terre, ce qu’il est vraiment dans toute sa Gloire : le Roi de Justice, de Paix. Alors nous prendrons part à cette acclamation, à cette ovation. Relisons lentement et redisons ces mots laissés par Pierre dans sa première lettre :

« Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, de ce que, dans sa grande miséricorde, il nous a régénérés, pour que nous ayons une espérance vivifiante, par la résurrection de Jésus-Christ d’entre les morts, un héritage qui ne peut se corrompre, ni souiller, ni flétrir. Il nous le réserve dans les cieux à nous qui sommes gardés par la foi pour obtenir le salut qui est prêt à apparaître dans les derniers temps. C’est pourquoi vous vous réjouissez, quoique maintenant vous soyez attristés pour un peu de temps par diverses épreuves, afin que la solidité éprouvée de votre foi, qui est plus précieuse que l’or périssable, qu’on éprouve cependant par le feu, vous soit un sujet de louange, d’honneur et de gloire, quand Jésus-Christ apparaîtra » (1 Pierre 1-3 à 7).

Ces mots ont inspiré à F. Lichtenberger, il y a plus d’un siècle, ce commentaire : « C’est dans la détresse et dans la peine que le cœur apprend à se détacher des faux biens. Les fronts courbés se relèvent pour regarder vers les cieux, et c’est lorsqu’on a vu, autour de soi, les rangs s’éclaircir, les joies, les satisfactions, les illusions mêmes de la vie s’évanouir les unes après les autres, que l’on se sent mieux disposé à rechercher l’héritage incorruptible qui nous est réservé dans les cieux. Ah ! serrons dans nos cœurs l’espérance vivifiante que Jésus-Christ y a mise, l’espérance en des biens meilleurs, en des temps meilleurs, en une existence meilleure. Gardons la foi, afin que la foi nous garde, à travers les incertitudes et les obscurités de l’heure présente, en vue des radieuses clartés et des saintes splendeurs que l’avenir nous tient en réserve ! ».

Quel beau dimanche, quel beau jour, à la clarté des glorieuses réalités de l’Evangile. Si Dieu le permet, nous nous retrouverons bientôt et nous chanterons avec plus de force que jamais cette louange qui n’a d’autre auteur et d’autre destinataire que notre Seigneur Jésus-Christ.

Avec Mireille nous vous disons à tous et toutes les sentiments fraternels que l’Evangile, source intarissable, fait naître et renaître dans notre cœur.

Votre frère dans la foi et pasteur, François Quoniam.