Dimanche de Pâques

Chers frères et sœurs dans la foi,

Voici  le moment de rappeler que Pâques est la commémoration d’un événement par lequel un pont a été posé entre ce qui est du ciel et ce qui est de la terre ; l’affirmation péremptoire d’une réconciliation entre Dieu et les hommes. « Christ est mort, bien plus, il est ressuscité. Il est à la droite de Dieu et il intercède pour nous » Romains 8-34. Ce qui sanctionne l’humain : la mort ; et ce qui relève du divin : la résurrection, se rejoignent. Mais il n’y a pas de résurrection sans Dieu. En effet, la résurrection n’est pas un phénomène naturel, physique, biologique, dont les ressorts seraient cachés dans les méandres des ressources humaines, un sursaut de vie insoupçonné, surprenant, dans le corps d’une personne, que l’on pensait arrivée au terme de sa vie et qui soudain reprend sa place parmi les vivants.

Nous aimons entendre parler de résilience, de résurgence, et même parfois de résurrection, autant de mots pour dire que même s’il ne reste qu’une faible étincelle, une brillante flamme peut encore reprendre force, la vie peut encore continuer, se prolonger… Mais le mot résurrection va plus loin que cela. C’est lorsqu’il n’y a plus rien, lorsque l’encéphalogramme de la vie indique que tout est mort, c’est alors que peut avoir lieu la résurrection, précisément la résurrection d’entre les morts. Même Job dans ses réflexions sur la force du vivant, l’extraordinaire ressort naturel observable dans la nature, s’est heurté à l’insondable de la mort. Ecoutons-le :

« un arbre a de l’espérance : quand on le coupe, il repousse, il produit encore des rejetons ; même si sa racine a vieilli dans la terre et que son tronc meurt dans la poussière, il reverdit à l’approche de l’eau, il développe des branches comme une jeune plante. » Et il poursuit : « Quant à l’homme, il meurt et il reste inerte. Quand l’être humain expire, où est-il ? » Job 14-7 à 10.

Notre raison, comme celle de Job notre sage prédécesseur dans la souffrance humaine, ne cessera de se heurter à l’inexplicable mystère.

A la raison, il faut la foi qui nous conduit à l’humilité et à la confiance tout autant qu’à la véritable espérance. La connaissance accessible à nos différents sens arrivera tôt ou tard à sa limite, là où il ne suffit plus de dire « pourquoi » ni « comment » mais « je crois et je m’abandonne entre tes mains, Dieu Créateur, Tout Puissant et Suffisant » ; comme nous pouvons dire avec cet ancien cantique : « Je crois à ton sacrifice, Jésus, Agneau de Dieu, et couvert par ta justice, j’entrerai dans le saint lieu » (cantique n° 352 Ailes de la foi).

Oui, Jésus, crucifié, mort, déposé dans un tombeau offert par un homme riche de ce temps, Dieu l’a ressuscité d’entre les morts.  Au matin du 3ème jour après avoir été crucifié, Jésus-Christ s’est relevé d’entre les morts. Par quel chemin, par quelle puissance la mort a-t’elle cédé ? Dieu l’a ressuscité d’entre les morts. C’est cela Pâques, c’est lui  notre Pâque (1 Corinthiens 5-7). C’est en lui que nous nous confions pour notre vie, notre mort et notre résurrection.

Image de la mort et de la résurrection, la sortie d’Egypte pour tout un peuple retenu en esclavage, réduit à l’impuissance, inférieur en nombre et dépossédé de tout pouvoir, épuisé par des servitudes et un joug pesant, sous la férule d’un puissant monarque assuré de son pouvoir, ce peuple fut néanmoins appelé par Moïse à se préparer à sortir de leur esclavage et à célébrer cette libération avant même qu’elle ne soit accomplie dans les faits, en adoptant la posture autant que la tenue du pèlerin ! Nous aussi face à la mort, comme face à tout ce qui s’achève, face même au désespoir, nous sommes appelés à célébrer en Jésus-Christ, notre Pâque, notre délivrance, notre espérance. Face à l’inéluctable, l’inévitable, voire l’insupportable, face à l’océan des questions et des explications de toutes sortes, le silence de la foi fait entendre l’admirable cantique de l’espérance : Jésus est ressuscité ! Annonçant ainsi un monde nouveau.

« Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité ». Ces mots qui résonnent habituellement dans notre chapelle,  lorsque nous nous saluons au matin de la fête de Pâque, sont aussi ces mots par lesquels Mireille et moi vous adressons ce matin nos souhaits d’une bénédiction renouvelée, celle du Ressuscité, pour votre vie, votre famille, vos proches, et dans l’attente d’un prochain revoir. Votre frère en la foi et pasteur,

 Prédication de François Quoniam, 
pasteur de l’Église Évangélique Libre